Fouilles archéologiques au futur Parc d'activités de Pipriac
À Pipriac, une dizaine d'archéologues de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) fouillent une zone de 2.5 hectares, depuis le mois d'août. Le site, prévu pour l'aménagement du Parc d'Activités des Vallées du Couchant, doit accueillir prochainement 16 entreprises sur 5.5 hectares. Les travaux ont ainsi été reportés, dans l'intérêt de la recherche archéologique ; les fouilles ont en effet permis de mettre au jour les vestiges d’une exploitation agricole gauloise.
A l’issue des fouilles archéologiques, les travaux de terrassement du futur Parc d’Activités démarreront à l’automne.
Des parcs d'activités au service des entreprises et porteurs de projets
Permettre de s’installer et se développer sur le territoire, c'est l'objectif majeur de la collectivité, en matière de développement économique. Ainsi, REDON Agglomération :
- assure la gestion de 30 parcs d’activités,
- commercialise 9 d’entre eux, pour permettre à des porteurs de projet d’accéder à un terrain.
Le futur parc d'activités "La Vallée du Couchant"
A ce jour environ 50 % des terrains sont pré-commercialisés. Les travaux débuteront fin novembre 2022, pour une livraison des terrains constructibles au printemps 2023.
- Surface totale du site : 8,2 ha
- Surface cessible : 5,5 ha
- Surface des espaces publics : 2,0 ha
Phasage des travaux en 2 parties (hiver 2022 et printemps 2023), pour différencier l'implantation :
- en partie nord : des entreprises artisanales et commerciales
- en partie sud : des entreprises industrielles et logistiques (en développement local et/ou exogènes)
L’aménagement du parc d'activités s’inscrit dans le cadre du projet de territoire 2021-2026 (plus particulièrement du développement d’une économie de proximité et de transition).
L'archéologie préventive, avant tout aménagement
Lorsqu’un projet risque de détruire des vestiges archéologiques, l’État prescrit à l’aménageur de faire réaliser un diagnostic ou une fouille d’archéologie préventive, ou de modifier son projet.
A Pipriac, les vestiges de différents fossés creusés profondément dans le sol, qui délimitaient les espaces de travail des habitations ou encore de l’activité artisanale, ont permis aux archéologues de reconstituer à quoi ressemblait la ferme.
- En 2011, des images aériennes avaient mis en évidence (sous les cultures), les traces d’anciennes fondations.
- Depuis août 2022, sur prescription de l'Etat (Drac Bretagne), les scientifiques de l’Inrap révèlent en effet les vestiges d’une exploitation agricole datant de la fin de la période gauloise, entre le VIe siècle et la fin du 1er siècle avant JC.
- Ils ont aussi identifié la présence d’un enclos circulaire de l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant JC) ou du début de l’âge du Fer (entre 800 et 500 avant JC).
- Des éléments permettent de confirmer l'occupation de la ferme sous la période romaine.
Une occasion unique pour les scolaires
L'INRAP et REDON Agglomération ont souhaité, en lien avec la mairie et les acteurs locaux, faire découvrir le chantier aux élèves de Pipriac. Plusieurs classes de primaire et collège ont ainsi profité de visites guidées pédagogiques, permettant :
- de visualiser les recherches minutieuses des scientifiques,
- d'appréhender le travail de classement,
- et de mieux comprendre l'intérêt de la préservation du patrimoine historique.
Ces aménagements de l’espace ne sont pas faits en une seule fois. Une exploitation agricole de ce type peut en effet perdurer durant plusieurs siècles. L’enjeu de cette fouille est donc de comprendre comment un tel établissement se transforme et évolue, de sa création à son abandon.
Une sépulture de la fin de l’âge de bronze (entre 1 200 et 700 avant JC) a également été découverte, ainsi que de nombreux objets et poteries, permettant :
- de dater des vestiges à 50 ans près,
- de comprendre le mode de vie des occupants.
Une structure fossoyée d’environ 6 mètres de diamètre a été mise au jour.
- Ce type de petit enclos circulaire correspond le plus souvent à une structure funéraire.
- Les déblais issus du creusement du fossé devaient certainement constituer un tertre disposé au centre de l’enclos, dans lequel pouvaient être installées une ou plusieurs sépultures.
- Ici, aucune n’a à ce jour pu être décelée.
Les quelques tessons de poterie découverts évoquent la fin de l’âge du Bronze ou les débuts de l’âge du Fer (entre 1200 et 700 avant JC).
À l’âge du Fer, les populations délimitent leurs espaces de vie et de travail par des fossés creusés profondément dans le sol.
- L’établissement agricole de Pipriac est ainsi matérialisé par un large enclos.
- À l’intérieur, un deuxième enclos quadrangulaire et des fossés organisent l’espace.
- À l’extérieur, de nouveaux creusements délimitent des champs.
- Ces différents tracés sont marqués par des ruptures, qui correspondent à des passages dédiés à la circulation des hommes et des bêtes.
- Dans les enclos, la présence d’anciens bâtiments est perceptible grâce aux empreintes de fosses d’installation des poteaux, encore visibles dans le sol.
- À cette époque, les constructions sont constituées de poteaux fortement ancrés, sur lesquels repose une charpente, et de murs en torchis.
- Ces bâtiments pouvaient correspondre à des maisons d’habitation, des appentis, des étables ou encore des greniers.
Ces datations sont obtenues par l’étude des objets prélevés, et notamment les céramiques, qui transmettent de précieuses informations.
Le mobilier archéologique illustre également l’artisanat pratiqué sur le site.
- La découverte d’une fusaïole et d’un peson indiquent la présence d’une activité de tissage.
- Quelques scories (déchets) de fer témoignent du travail de la forge.
- La quantité et la qualité des objets peuvent par ailleurs renseigner sur le niveau de richesse des résidents et leur appartenance à un groupe culturel en particulier, que l’étude permettra de préciser.
Au sud-ouest de l’enclos quadrangulaire, un ensemble de trous de poteaux a livré quelques fragments de poteries (fin du 1er siècle avant JC – début du 1er siècle). Cet espace a également permis de mettre au jour deux ou trois sépultures à incinération.
- L’une d’entre elles contient les restes osseux d’un défunt, disposés dans un vase relativement luxueux.
- Ce dernier est soigneusement disposé sur une plaque en terre cuite installée contre le fond d’une fosse.
- L’urne et les fragments d’os brûlés ont été prélevés et seront étudiés au laboratoire par une archéo-anthropologue.
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer.
Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique.
Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
Créé le 1er février 2002 en application de la loi sur l’archéologie préventive de janvier 2001, l’Institut célèbre ses vingt ans d’existence, de recherches et de découvertes archéologiques.
Plan de financement global de l'opération
L’opération d’aménagement de l’extension du Parc d’activités de la Vallée du couchant est soutenu par l’Etat via une dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR)
- Aménagement : REDON Agglomération
- Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
- Recherche archéologique : Inrap
- Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap
- Responsable scientifique : Joël Cornec
Publié le 21-10-2022 - Mis à jour le 23-10-2023